Un pays intramontain
En 1661, lors d’un différend avec le Saint-Siège à propos de l’applicabilité dans la Vallée de décimes imposées au clergé d’Italie, l’Évêque d’Aoste Albert Bailly affirma –et sa thèse fut retenue– qu’aucune imposition était due par le clergé valdôtain puisque le Duché d’Aoste ne se trouvait ni en deçà, ni au delà des monts, mais se trouvait enserré entre les montagnes (ducatum istum non esse citra neque ultra montes sed intra montes).
Solidement enclavée à l’intersection des Alpes occidentales et des Alpes centrales la Vallée d’Aoste a un territoire en grande partie montagneux, avec une altitude moyenne de 2106 m (un tiers de son territoire se trouve au-dessus de 2600 m, 79,8% au-dessus de 1500 m). Par ses 3262 km² de surface et ses 120 909 habitants distribués sur 74 communes, la VdA est aujourd’hui la plus petite région italienne.
Les régions frontalières : France, Suisse et Piémont
Située au nord-ouest de la péninsule la Vallée d’Aoste confine au nord avec la Suisse, au sud et à l’est avec le Piémont, à l’ouest avec la France.
La vallée centrale et les nervures latérales
À vol d’oiseau la Vallée d’Aoste peut être comparée à une feuille car, comme celle-ci, elle a une nervure centrale, correspondant à la vallée de la Doire Baltée qui la traverse de ouest en est, et treize nervures latérales qui correspondent aux vallées tributaires creusées par d’anciens glaciers (il en reste 220, étendus sur 190 km²). La vallée centrale s’étire de Pré-Saint-Didier (1000 m) jusqu’à Pont-Saint-Martin (350 m) et ne recouvre que 4% du territoire régional. Elle est le berceau de l’agriculture et de l’activité industrielle et aussi une voie de passage international très fréquentée qui aboutit aux tunnels routiers du Grand-Saint-Bernard (1964) et du Mont Blanc (1965).
Le fond de vallée est segmenté en trois parties séparées par deux étranglements : les gorges d’Avise et le défilé de Montjovet. Ces obstacles naturels ont toujours posé de sérieuses entraves aux communications et ont donné naissance à trois zones avec leur propre originalité : la Valdigne, la plaine de la vallée centrale et la basse vallée.
Les vallées latérales sont toutes des vallées suspendues, car leur jonction avec le sillon de la Doire se fait à quelques centaines de mètres au-dessus du niveau de la vallée principale. Leur accès, qui a été pendant longtemps très difficile, fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière et il est maintenant aisé d’atteindre les grandes stations touristiques d’été ou d’hiver. L’essor du tourisme a permis de freiner le dépeuplement de ces localités montagnardes en faveur de la Vallée centrale et surtout vers le chef-lieu Aoste qui compte environ 35 000 habitants et est le centre de la vie politique et administrative du pays.
Un climat d’abri
Entièrement entourée de hautes montagnes dépassant les 4000 m la Vallée d’Aoste est abritée contre les perturbations d’origine atlantique et les courants d’air froid descendant de l’Europe du nord et jouit d’un climat d’abri. Ses températures moyennes annuelles sont légèrement supérieures à celles des pays alpins environnants et les limites d’altitude de la végétation sont plus élevées (la vigne, par exemple, mûrit encore entre 1 100 et 1 200 m). La barrière des Alpes, toutefois, n’a pas que des aspects positifs : la Vallée d’Aoste est la région la plus aride de toutes les Alpes. La rareté des précipitations aggravée par des températures relativement clémentes a toujours été un obstacle à l’exploitation agricole de la vallée. L’irrigation est donc une nécessité absolue et les valdôtains sont maîtres depuis le Moyen-Âge dans la construction de nombreux et longs canaux d’irrigation appelés Rus.