Émile Chanoux
Dès 1922 il devient membre actif de la « Ligue Valdôtaine pour la protection de la langue française dans la Vallée d’Aoste », qu’il quittera deux ans plus tard en désaccord avec son président, Anselme Réan, qui aura manifesté son soutien à la politique de Mussolini lors des élections politiques. Cette rupture conduira peu de temps après à la création avec Rodolphe Coquillard du groupe d’action régionaliste « Jeune Vallée d’Aoste », présidé par l’abbé Trèves, qui est obligé d’agir clandestinement, poursuivi comme il l’est par le régime.
En 1927 il obtient sa licence en droit avec un mémoire traitant Delle minoranze etniche nel Diritto Internazionale.
Après la mort de l’abbé Trèves, en 1941, Chanoux en recueille l’héritage politique et il formule et explique ses théories sur le renouveau de l’État italien et sur la renaissance politique, administrative, économique et culturelle de la Vallée d’Aoste.
Le 8 septembre 1943 il quitte Chambéry, où il avait été rappelé sous les armes et affecté au bureau de la censure postale, et regagne Aoste, où il s’engage dans la préparation de la résistance armée au nazi-fascisme. Il devient tout de suite le chef reconnu de la lutte valdôtaine de libération.
Le 19 décembre 1943, accompagné par l’avocat Ernest Page, il représente la Vallée d’Aoste à la rencontre de Chivasso, avec des personnalités des vallées vaudoises. Cette réunion conclut ses travaux par la rédaction d’un manifeste qui pose, en toute clarté, les revendications d’autonomie des populations des vallées alpines. Émile Chanoux développera les conclusions de cette rencontre dans son essai Federalismo e autonomie, publié posthume en 1944 dans les cahiers « L’Italia libera » du Parti d’Action. Trahi, il sera arrêté le 18 mai 1944 à Aoste avec Lino Binel, un autre des protagonistes de la Résistance valdôtaine, et mourra au cours de la nuit à la suite des tortures infligées par les nazi-fascistes.
Tandis que ses œuvres principales sont réunies dans le livre
Paolo Momigliano Levi (par les soins de), Anthologie des écrits d’Émile Chanoux, Le Château Edizioni, Aoste, 2008.
Le volume contient les écrits les plus significatifs qui avaient été déjà publiés en 1994 dans le volume soigné par l’Institut historique de la Résistance en Vallée d’Aoste. Il est complété par une chronologie qui détaille année par année tous les écrits d’Émile Chanoux en indiquant la page à laquelle ils figurent dans l’édition précédente et par l’essai Advienne que pourra de Paolo Momigliano Levi qui retrace la vie et l’activité politique et littéraire d’Émile Chanoux.
Roberto Nicco, Le parcours de l’autonomie, Musumeci Éditeur, Aoste, 1998.
L’ouvrage est divisé en deux parties distinctes, mais complémentaires. La première comprend une importante synthèse de l’histoire valdôtaine centrée pour la plupart sur le XIXe siècle et sur la première moitié du XXe. La seconde, exclusivement archivistique, consiste en une riche revue documentaire qui représente un « unicum » de l’historiographie valdôtaine.
Vincent Trèves, Entre l’histoire et la vie, Le Château Edizioni, Aoste, 1999.
Le creuset de la lutte armée, l’ampleur des intérêts nationaux et internationaux qui s’agitent autours de la question valdôtaine, les efforts pour la faire parvenir à la table des discussions du traité de Paix de Paris, l’action de la Mission Mont-Blanc, les grandes manifestations de 1945-1946, le replis de la classe dirigeante valdôtaine et son revirement coïncidant avec l’éloignement de la perspective annexionniste sont le canevas d’une période intense et tourmentée dont Vincent Trèves fut à la fois protagoniste et victime et dont il nous livre en première personne.
Maria Pia Simonetti, La politica tra passione e mestiere, Le Château Edizioni, Aoste, 2007.
Maria Pia Simonetti a recueilli les interviews réalisées entre 1995 et 1998 avec quelques-uns des personnages politiques qui ont contribué à la construction de l’autonomie valdôtaine. Il en ressort une fresque de l’histoire de la région du XXe siècle qui à travers le foisonnement d’épisodes et de personnages rend palpable le climat d’une époque et permet de jeter une lumière nouvelle sur certaines zones d’ombres.
Louis Roger Dempsey, La vie et l’œuvre d’Émile Chanoux, Arti grfiche Duc, Aosta, 1987.
Un texte fondamental, comme le suivant, pour comprendre ce que fut réellement le fascisme en Vallée d’Aoste. Dempsey, chercheur américain, a accompli un travail poussé de recherche, qu’il livre sans détour et sans faux-semblants, dans la meilleure tradition de l’historiographie anglo-saxonne.
Simon Goyet, Émile Chanoux. L’uomo dietro il mito, Le Château Edizioni, Aoste, 2008.
À quarante-huit ans de la première biographie de Joseph Bréan, Émile Chanoux : martyr de la Résistence valdôtaine, Simon Goyet explore la vie d’Émile Chanoux à la lumière des études et des recherches qui se sont succédées à partir de sa disparition jusqu’à aujourd’hui. Il nous dévoile et réunit beaucoup de données de la vie de Chanoux qui étaient jusqu’à présent dispersées, en permettant au lecteur de suivre de façon claire les différentes étapes de sa biographie.
Charles Passerin d’Entrèves, La Tempëta dessu noutre montagne, Institut historique de la résistance en Vallée d’Aoste, Aoste, 1975.
Charles Passerin d’Entrèves a voulu livrer une émouvante apologie de la résistance du peuple valdôtain. Son recueil de souvenirs, témoignages et documents, publié pour la première fois en 1946, est la première page de l’histoire de la Résistance valdôtaine.
Joseph Bréan, Émile Chanoux, martyr de la résistance valdôtaine, Litografia Pesando, Aoste, 1994.
Réédition du texte publié pour la première fois en 1960 par l’Académie Saint-Anselme. Bréan y livre le témoignage d’un ami du martyr de la Résistance, qui en partageait en tout et pour tout les choix étiques, religieux et politiques.